CONFINEMENT – LUNDI 30 MARS
La situation planétaire exceptionnelle que nous sommes en train de traverser se poursuit. Vous adresser ce message prend une couleur de rendez-vous, c’est rassurant un rendez-vous, on s’y prépare, on l’attend…
On aurait déjà préféré qu’il fut pour la reprise, l’Après…
Car par essence l’exceptionnel ne dure pas, nous ne voulons pas nous habituer à l’exceptionnel…
Même dans une approche merveilleuse de la vie, être étonné de chaque petite chose de la vie lui confère un caractère exceptionnel, miraculeux, c’est ce qui rend notre quotidien extra-ordinaire, mais , ici qu’en est-il ?
Quand les freins technologiques du télétravail sont dépassés, quand les papiers administratifs classés, les nouvelles recettes de cuisine inventées, les appels téléphoniques calés dans la journée, la salle de bain ripolinée, il faut bien se le dire , en cette 3ème semaine du confinement une certaine routine s’installe : la routine du confinement…
On commence à savoir – oh, des petites choses ! – on sait quand les enfants se transforment en lion en cage, on sait quand on a envie de manger sans avoir faim, on sait quand on est gavé d’images, on sait quand on rêve de voyage au soleil, on sait quand la culpabilité de ne pas assez agir surgit, on sait qu’une vague d’angoisse s’annonce, on sait quand celui qu’on aime devient de trop, on sait quand la solitude vous rend en colère contre les autres, on sait quand des mauvaises pensées pointent le bout de leur nez, et on sait même que l’herbe est plus verte ailleurs tout en étant conscient d’être privilégiés…
On sait sans savoir. Par intuition ? par ressenti ? Dans notre vie d’avant, on savait aussi, mais on n’y faisait guère attention.
Aujourd’hui, tandis que beaucoup de sollicitations se sont envolées, que de nouvelles se sont installées, commence à poindre la conscience des choses comme elles sont. Nos paradoxes, nos doutes, nos croyances chamboulées…
Au final rien ne change fondamentalement… et tout a changé…
Dans cette situation subie du mieux que nous le pouvons soyons/restons/devenons les acteurs de nos vies.
Dès maintenant plantons nos petites graines qui construisent la suite. Notre vie plus consciente.
De nouveau portons un regard attentif sur les enfants et adolescents : comment apporter des éléments d’explicitation, ne pas considérer que les choses ont été dites une fois pour toute. Il est une occasion d’affiner les ressentis faisant parti de la vie et de s’y pencher : le doute, la tristesse, la peur.
Quand des éclats de rire surgissent, des moments de joie… Maelström d’émotions qui affirme que la vie n’est pas monolithique.
Notre géographie est plus vaste que nous ne le pensions.
Et en tant qu’adulte en responsabilité commencer à accueillir l’inconnu, de façon singulière, difficile et surtout en ouverture…
Valérie Fichet
