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CONFINEMENT – LUNDI 13 AVRIL

J’avance doucement dans votre cuisine, devenue lieu de télé-travail, d’école, de fenêtre vers l’extérieur…

J’écris un jour férié,  j’écris un jour de vacances de Pâques…

Quels en sont les signes ?

Ils surgissent en creux, soudain une vague…

Des signes de ce que nous n’avons pas fait ou ne ferons pas, une chasse aux oeufs tant attendue, un gigot, un repas de famille, un départ en vacances bien mérité…

Cette 5ème semaine débute en apnée, le Président de la République fera sa 3ème allocution ce soir, nous en sommes prévenus depuis plusieurs jours,

Les conjectures vont bon train, les supputations, les attentes, les espoirs, le corps médical et économique s’opposent, la majorité attend…

Comment se mettra en place le déconfinement ? Quand ?

La majorité attend…

Qui sait qu’il n’y a pas de réponse monolithique ?

La majorité attend…

Le confinement est en passe de demeurer…

Et l’humain a besoin d’un calendrier…

Un calendrier rythme le temps, permet de se projeter, d’accepter les incertitudes…

La situation planétaire exceptionnelle s’installe dans le temps. Le temps concept de recherche fondamentale réservé aux philosophes et astrophysiciens, devient notre terrain d’exploration.

Avant il nous en manquait, on courait après lui, on en perdait, on en rêvait, échafaudant des listes mirifiques si l’on en disposait de plus…

Notre rapport au temps change, il se traîne, n’en finit plus… Et à la fin de la journée nous nous étonnons de n’avoir rien fait !

Est-ce ne rien faire que de traverser des trous d’air, des paresses, du vide, de la lassitude, de l’inertie, du flegme, de l’impatience, de l’agacement ?

Est-ce ne rien faire que d’observer, accueillir, comprendre, accepter des trous d’air, des paresses, du vide, de la lassitude, de l’inertie, du flegme, de l’impatience, de l’agacement ?

C’est que notre rapport au temps mute.

Cette situation  tout à fait inédite nous bascule, nous bouscule dans un autre temps, celui où l’on est 24h sur 24 avec ses enfants, ou 24h sur 24 seul, ou isolé de ses collègues, ou épuisé dans une mission héroïque…

Nous savions composer mais les codes ont changé. Et notre rapport au temps mute…

Ne nous flagellons pas si nous n’avons pas effectué ce que nous avions prévu…

Comment prévoir dans les temps incertains ?

Saisissons l’opportunité de nous approcher de ces moments inconfortables, difficiles, voire anxiogènes…

Et nous observerons que ces moments vont et viennent, remplacés par de petites minutes de bonheur, oui, de bonheur…

Et nous avons cette journée à vivre, ces mots  hors des commentaires, des opinions lancent des graines à penser, élaborer…

Car ce n’est pas ne rien faire que de vivre ces jours incertains durant lesquels les codes du temps ont changé. 

Continuons à développer la découverte des choses comme elles sont, avec nos paradoxes, nos doutes, nos croyances chamboulées…

Dans cette situation subie, du mieux que nous le pouvons soyons/restons/devenons les acteurs de nos vies

Plantons nos petites graines qui construisent la suite…

Poursuivons notre regard attentif sur les enfants et adolescents, qui eux plus que tout autre sont bousculés dans ces mutations, ils ont besoin de mots, de gestes, de calendrier, de rituels…

En tant qu’adulte en responsabilité, construire petit pas à petit pas…

Et nous avons cette journée à vivre…


Valérie Fichet