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CONFINEMENT – LUNDI 4 MAI

 

Lundi matin du mois de mai,

Nous avons vu arriver le printemps, le changement d’heure, fleurir les lilas, vécu une période de près de 40 jours sans pluie… 

Nous n’avons pas pu aller cueillir notre brin de muguet.

La saison des asperges a commencé, et des fraises et rhubarbe, et nous attendons.

Et nous attendons, observant des cartes aux couleurs des feux rouges, le plan du déconfinement a été présenté, quelque chose de palpable, plus lourd que le confinement, semble poindre…

Nous nous étions fait une bulle, une sorte seulement de bulle, mais une bulle…

La quitter, en sortir, génère des doutes, de l’angoisse, des questions, des remises en questions…

Il y a un Après. Qu’en faire?

L’intégrer, le digérer, le nier, s’en étonner…

Il faut cesser d’espérer que les changements s’opèrent tout seul.

L’Après se construit, exige un engagement de chacun, à sa hauteur.

Nous sommes, nous serons contraints à revoir notre façon de concevoir notre vie quotidienne, notre vie, notre place dans la nature…

Nous commençons à intégrer qu’il y a un Après, et qu’il dépend de nous, de nous outiller pour interroger la situation…

Notre survie, à la fois comme espèce et comme individu dépend de décisions urgentes et sanitaires, mais elle dépend aussi de notre capacité à transmettre aux enfants, pour les rendre capable de faire face.

Apprendre à se délester d’un programme, accompagner à penser, expliquer aux âgés,lentement et encore et encore…

Ne pas être ballotés, ni balloter.

L’humain au service de l’humain.

Chaque semaine la même phrase, comme un couplet, qu’on laisse infuser : Du mieux que nous le pouvons être/demeurer/devenir, les acteurs de nos vies.

Il est temps – selon l’expression qui n’est pas de moi, que je m’approprie bien volontiers – de devenir des « citoyens-experts ».

Dans ce phénomène exceptionnel, de masse, l’individu demeure dans sa singularité, dans son histoire intime.

Être acteur, c’est se faire confiance, permettre de penser la situation, pour se sentir valorisé dans ses compétences.

Être acteur, c’est pouvoir faire confiance à l’autre qu’il puisse être valorisé dans ses compétences.

Créer une continuité du lien dans des relations partenaires, l’écolier-partenaire, le tout-petit partenaire, le salarié partenaire, le collègue-partenaire, le patient-partenaire, la personne âgée-partenaire.

Il faut cesser d’espérer que les changements s’opèrent tout seul.

Sous couvert de protocoles et précautions absolument nécessaires, ne glissons pas vers une déshumanisation supplémentaire.

En tant qu’adulte en responsabilité, cherchons comment avancer.

Cherchons, travaillons-y humblement et avec force.

 


Valérie Fichet